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Affichage des articles du 2011

L'entropie est-elle subjective ?

Nous avons vu précédemment que la logique constituait l'idéal d'un monde de vérités « déjà là » prêtes à être dévoilées. Nous avons vu également que l'utilisation du nombre réel permettait de rendre cette façon de voir idéale compatible avec la réalité d'un monde qui n'est jamais épuisé par nos mesures. Je pense qu'une telle façon de voir les choses est illusoire, qu'elle est une négation de la temporalité : la réalité actuelle se dévoile dans l'immanence de l'expérience mais ne lui pré-existe pas. A l'appui de ceci, nous avons remarqué que la physique moderne discrétise les mesures et réintroduit la temporalité de l'expérience par l'utilisation des probabilités et la contextualité des mesures. Le monde n'est donc plus un puis infini d'informations déjà là, mais un renouvellement permanent. Pour terminer cette série d'articles, je souhaite simplement revenir sur ce qui constitue un lieu commun de la vulgarisation scientifiq

The Subjective Interpretation of Quantum Physics

Mon article "The Subjective Interpretation of Quantum Physics" a été publié par le journal neuroquantology . Il est également disponible en téléchargement ici .

Nombres réels et probabilités

Nous avons vu dans le billet précédent que l'incertitude et la temporalité inhérente au réel faisait de la logique booléenne un système idéal, propre à la conceptualisation. Il faut donc voir dans la logique un modèle empirique de la réalité. Ainsi les lois logiques seraient non pas "donnée à l'homme par Dieu" comme le croyait Descartes. Elles nous seraient données par notre expérience de la réalité, et plus précisément notre expérience de la pensée en relation au réel. Elles seraient " ce qui marche " dans le cadre de la pensée. On sait d'ailleurs qu'il est possible d'envisager différents systèmes logiques. De plus une approche bayesienne nous permet de généraliser la logique en y voyant, justement, un cas limite de la théorie des probabilités pour lequel les probabilités ne prendrait que les valeurs 0 et 1, et cette approche peut être fondée sur la base de quelques postulats intuitifs de nature épistémiques. On peut même imaginer une génér

Dissoudre le paradoxe du menteur dans la temporalité

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Le paradoxe du menteur trouve naturellement sa solution dans la temporalité. Comment quelqu’un peut-il affirmer “cette phrase est fausse” alors qu’il ne l’a pas encore terminée? La proposition contient une référence à elle même, alors qu’elle n’existe pas encore. Celui qui se laisse troubler par le paradoxe du menteur pense -- à tort -- qu’une proposition est une chose existant absolument dans un “espace des propositions” atemporel qu’il est tout loisir de référencer, alors qu’une proposition n’existe jamais que quand elle est pensée et qu’elle ne référence jamais que ce qui a déjà été pensé par le passé et n'évoque le futur qu'à titre d'hypothèse. L’acte signifiant s’inscrit dans la temporalité. Dans ce contexte, la proposition du menteur n'est qu'une illusion d'optique, car au fond, elle ne parle de rien de réel.

Merleau-Ponty sur la différence entre science et philosophie

Dans "Le visible et l'invisible" : " La philosophie n'est pas science, parce que la science croit pouvoir survoler son objet, tient pour acquise la corrélation du savoir et de l'être, alors que la philosophie est l'ensemble des questions où celui qui questionne est lui-même mis en cause par la question. Mais une physique qui a appris à situer physiquement le physicien, une psychologie qui a appris à situer le psychologue dans le monde socio-historique ont perdu l'illusion du survol absolu : elles ne tolèrent plus seulement, elles imposent l'examen radical de notre appartenance au monde avant toute science. "

L'acacia et la mécanique sociale

J'ai reçu une courrier m'informant de l'abattage planifié d'un acacia juste en face de mon appartement. Le pauvre est victime d'un mauvais champignon qui affecte ses capacités mécanique : il risque, dans un avenir indéterminé, de perdre ses branches sur la voie publique, ce qui pourrait perturber sérieusement la circulation automobile...

Le réalisme structurel

Le réalisme structurel Nous avons vu lors du dernier billet en quoi un examen de la méthode scientifique rend caduque l’idée que les entités de la science existent réellement dans le monde. Tout au plus peut-on considérer les concepts scientifiques comme des “boites” qui nous permettent de classer les phénomènes. Mais les changements de paradigme modifient en profondeur ce qu’on considère ou non être une “boite” digne de ce nom (en physique, par exemple, on est passé du concept de corpuscule à celui de champs, de celui de matière à celui d’énergie), si bien qu’il est délicat d’affirmer que nos concepts d’aujourd’hui ne seront jamais dépassé, et donc, qu'ils correspondent à quoi que ce soit de réel. Pour autant n’a-t-on pas l’impression que la science progresse, qu’elle réduit la part d’arbitraire de notre représentation du monde en éliminant les concepts inadéquats ? N’a-t-on pas l’impression qu’il y a continuité entre les paradigmes se succédant, que dans une certaine mesure,

Note de lecture - La structure des révolutions scientifiques (T. Kuhn)

Je vous propose une note de lecture du désormais classique “ La structure des révolutions scientifiques ” de Thomas Kuhn, publié en 1962, qui est l’un des ouvrages les plus cité de tous les temps . Cet essai est réputé pour avoir remis en cause l’idée d’un développement linéaire de la science, et incidemment, de manière plus controversée, l’idée que la science s’approche toujours plus de la vérité. Après un bref résumé de la thèse de Kuhn, je reviendrai sur les éléments qui me paraissent importants dans cet ouvrage. J’expliquerai ensuite pourquoi certains me paraissent plus douteux. Enfin j'essaierai de voir en quoi cette thèse peut éclairer le statut particuliers des “sciences pathologiques” (la parapsychologie notamment).

La conscience n'est pas un phénomène physique (2)

Ce billet est un approfondissement d'un autre billet récent . Si la conscience n'est pas un phénomène physique, c'est en fait parce qu'elle n'est pas un phénomène du tout. Un phénomène est quelque chose qui se présente à un sujet conscient. Or la conscience d'un autre ne m’apparaît jamais comme telle. Si je sais (ou si je crois) que l'autre est conscient, c'est, comme le fait remarquer Searle, parce que je transpose sur l'autre ma propre conscience. C'est parce que l'autre me ressemble et que je le conçoit comme un autre moi. C'est donc d'une référence à ma propre conscience qui s'agit, et seule ma propre conscience m’apparaît -- ou plutôt elle est le prérequis de toute apparition. L'autre est analysable, du point de vue des phénomènes, comme rien de plus qu'un ensemble de comportements organisés. A ce titre, la conscience n'est pas un phénomène, mais plutôt une explication des phénomènes : je peux invoquer la co

Sexe, politique et fatalisme biologique

Avec les affaires récentes ayant trait au sexisme ou aux rapporte entre sexe et politique, les commentateurs publics, inspirés par les sciences de la nature, ont parfois eu recours au fatalisme biologique, ce à des degrés divers. Ce que j’entends par “fatalisme biologique”, c’est la réduction des comportements humains à la biologie, et en particulier à travers des arguments de type darwinien. Le poncif le plus courant à ce sujet est l’explication des différences entre divers traits de caractère des hommes et des femmes par une référence à notre lointain passé de chasseur/cueilleur. L’homme est le chasseur, pourvu d’un excellent sens de l’orientation, celui qui ne parle pas trop pour ne pas effrayer les bêtes, tandis que la femme est une pipelette invétérée dôté d’une grande intuition sociale, parfois appelé intuition féminine, et préfère s’occuper de ses progénitures, nettoyer la caverne et socialiser avec ses congénères. Sans doute fallait-il bien tuer le temps pendant que les hommes

Le mythe du bien et du mal

Personne ne veut faire le mal : si l’on agit librement, c’est qu’on pense faire le bien -- ce qui, selon nous, est bien -- c’est pourquoi, quand d’autres y verront le mal, alors on se justifiera. Le voleur ou l’arnaqueur affirmera mériter ce qu’il gagne par sa roublardise, preuve d’intelligence. Il aura donné une leçon de vie au naïf. Qu’importe ce qu’en pense la société : sait-elle plus que quiconque ou est le bien ? Et si l’on fait vraiment le mal, si même on le revendique, c’est que le mal est notre bien. On est un incompris. Tout comme personne ne veut croire le faux, personne ne veut faire le mal, ce qu’il pense être le mal. Mais il nous arrive pourtant de le faire. Le mal est une erreur, c’est la bêtise de l’éthique. La personne mauvaise se trompe sur ce qui est bien tout comme l’idiot sur ce qui est vrai. Tout comme le faux auquel on croit est souvent une vérité trop locale, qu’on a cru vrai partout mais qui ne l’était que d’un point de vue, l’erreur du mal est souvent celle d’u

Le vrai

Selon le pragmatisme, ce qui est vrai, c’est ce qui fonctionne. Il ne faut pas y voir une injonction à ne se focaliser que sur l’efficacité, mais une véritable définition du vrai qui vient en contre-pied des approches normalistes. Naturellement, on voudrait commencer par définir le vrai, puis la croyance ou la certitude comme fonction du vrai. Cependant la croyance ou la certitude peuvent être définis sans l’aide de la notion de vrai de la manière suivante : croire en quelque chose, c’est pouvoir s’appuyer dessus pour agir. La croyance est le support de l’action. Une croyance qui ne se traduirait pas dans l’action pourrait tout aussi bien ne pas exister, si bien qu’il est légitime de dire que la croyance ne s’exprime que comme appui de l’action. Ainsi on peut définir la personnalité de quelqu’un tantôt comme un ensemble de représentations qui lui sont propres et tantôt comme un ensemble de dispositions à agir (y compris par la parole), mais en réalité les deux se confondent, ils ne peu

La religion, philosophie sociale

Nous avons tendance, en occident, à assimiler la religion et la croyance en Dieu, aux croyances associées et aux pratiques et institutions qui l’accompagnent. Dans nos dictionnaires, par exemple, il est généralement question de divinités, ou de manière générale d’ordre supérieur. Mais il semble que les religions orientales, entre autres, s’accommodent moins bien de cette définition. Leurs religions sont-elles moins des religions que les nôtres, ou est-il possible d’en obtenir une définition plus générale ? Pour ma part, je préfère penser que ce qu’est la religion en réalité, c’est une philosophie sociale, c’est à dire un courant philosophique socialement institutionnalisé.

Le relatif et l'absolu

Y a-t-il quelque chose qui soit absolu, ou bien tout est relatif ? C’est à dire y a-t-il des choses qui existent en soi, indépendamment de leurs relations aux autres choses, ou bien est-ce que tout n’est que relation ? Il faut bien que quelque chose soit relié, non ? S’il n’y a que des relations, il n’y a rien qui existe vraiment je suppose... Mais exister en l’absence de relation, est-ce vraiment exister ? Comment dire d’une chose qu’elle existe ou non si elle n’est reliée à rien ? Est-ce qu’exister, être au monde, ça ne veut justement pas dire être relié à d’autres choses et ainsi pouvoir être observé ? Peut-être que certaines choses existent absolument, c’est à dire qu’elles ont certains attributs indépendamment de leurs relations, cependant que ces attributs ne peuvent être connus que par des relations. Ils existent par leurs relations mais en sont indépendants. Donne moi un exemple d’un tel attribut absolu. Par exemple le ciel est bleu, que je le regarde ou non. Le crois-tu ? Le b

Bruno Latour serait-il scientiste ?

Pourquoi donc existe-t-il des critiques d’art, mais pas de science, nous demande Bruno Latour ? Pourquoi la beauté mérite-t-elle d’être goûtée, jugée, mais non la vérité ? C’est une excellente question. Mais pourquoi, diable, n’y répond-il pas ? N’est-ce pas justement ce qu’on attendrait de la sociologie : qu’elle nous fournisse une explication, des éléments de réponse, à ce type de questions ? Non pas qu’elle nous dise si c'est bien ou mal, ce qu’il faudrait qu’il y ait, selon elle -- qu’on juge des derniers résultats scientifiques dans les magazines comme on juge des derniers films en salle, ou pas -- mais pourquoi les choses sont ainsi et quels en sont les ressort ? Simplement, il semble que la réponse se situe au delà du paradigme que Bruno Latour s’impose et nous impose, puisqu’elle suppose que l’on parvienne à définir la vérité, donc à la distinguer d’autres valeurs, donc à la considérer pour autre chose qu’un discours parmi les autres, un simple élément du cosmos. Nous souha

Le moi, entre structure et liberté

Suis-je une structure ou un processus ? Ou la rencontre des deux ?

La connaissance et la liberté

Si j’observe une corrélation, rien ne m’indique de lien de causalité, il se peut qu’il y ait plutôt une cause commune. Ainsi, pour reprendre un exemple connu, s’il y a une corrélation indéniable entre le port du briquet et la prédisposition au cancer du poumon, rien n’indique que l’un cause l’autre. La seule possibilité pour moi de mettre en évidence un lien de causalité est de jouer sur un paramètre et d’observer l’effet qui en résulte : si je force quelqu’un à porter un briquet, la probabilité qu’il meure d’un cancer du poumon n’augmentera sans doute pas ; il n’y a donc pas vraiment causalité, mais seulement corrélation. On voit que c’est l’indépendance de la cause quant à l’effet qui seule peut me permettre de mettre en évidence un lien de causalité entre deux types d’événements : il faut, pour qu’il y ait réellement causalité, que la cause puisse ne pas avoir eu lieu, et que dans ce cas il n’y ait pas eu d’effet. Or la seule source authentique d’indépendance est la liberté ; le s

Doit-on vraiment avoir une opinion politique ?

Il y a un problème d’intégration culturelle dans les banlieues - Il y a un problème d’exclusion sociale dans les banlieues - Il n’y a pas de problème si important que ça dans les banlieues - Il faut répondre à l’insécurité de manière autoritaire - Il faut favoriser la mixité sociale - La France est dirigée par une oligarchie - Les travailleurs sont exploités par le capital - Les musulmans ne peuvent pas vivre en république - La fiscalité française fait fuir les investisseurs - Les dépenses sociales plombent l’économie - Le chômage est l’armée de réserve du capitalisme - Les chinois nous prennent nos emplois - La religion est la cause de toutes les guerres - Pour l’économie, rien ne vaut une bonne guerre - Les gens ont besoin d’un leader  - Nous sommes trop nombreux sur terre - Les gens des pays émergents veulent vivre comme nous - Il existe une misère sociale qui ne cesse de s’agrandir - Il existe une insécurité qui ne cesse de s’agrandir - Les français pensent que... - Les français en

La réalité est-elle une construction sociale ?

La réalité est-elle une construction sociale ? Les théories scientifiques sont-elles des fictions, au même titre que les mythes religieux ? Les électrons et autres photons sont-ils des artefacts de nos instruments de mesure ? Les représentations de la science sont-elles des projections de notre entendement sur une réalité amorphe ? Ces questions à l’opposé du sens commun semblent certainement étranges à la plupart d’entre nous, et pourtant, elles paraîtront familière à d’autres, et en particulier dans le milieu des sciences humaines. Elles sont propre à ce qu’on appelle souvent le mouvement post-moderne.

Peut-on naturaliser l'éthique ?

A première vue, l’éthique ne sert à rien. Quel sens y a-t-il à affirmer que quelque chose est “bien” ou “mal” ? A quoi ça sert ? Une personne agit toujours en toute liberté de toute façon. Si elle agit d’une façon, c’est sans doute que pour elle, c’est “bien” - ou pas, mais quelle importance ?

La conscience n'est pas un phénomène physique

La conscience est-elle physique ? C'est à dire : peut-on rendre compte de l'expérience subjective en tant que phénomène physique ? La question pose problème : d'une part, pense-t-on, le monde est constitué de matière/énergie et il est inutile de faire intervenir quoi que ce soit d'autre. Nous appartenons au monde, nous en sommes issus. Donc la conscience est un phénomène physique. D'autre part, pense-t-on, l'expérience subjective ne peut pas se ramener à une formule mathématique, elle est plus que ça. Donc la conscience n'est pas un phénomène physique. Si cette question est problématique, c'est certainement qu'elle est mal posée.

La roue de la connaissance

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La singularité à l'épreuve de la science - et vice versa

En affirmant la nature relationnelle de la description scientifique du monde, je n’avais pas l’intention de relativiser sa prétention à l’universalité. Nous aurons peut-être l’occasion de revenir sur les thèses “post-moderne” dans un prochain billet. D’ici là, démarquons nous simplement de ces thèses en affirmant que la science, de part sa méthode anti-dogmatique, de part l’utilisation des mathématiques qui assurent sa cohérence interne, de part l’unicité du monde, enfin, et le fait qu’aucune méthodologie instrumentale n’est jamais totalement isolée des autres ni de l’expérience quotidienne, tout ça fait qu’il y a de bonnes raison de croire que la science converge effectivement de manière asymptotique vers une description unique, universelle, de la nature. Cette description constitue ce sur quoi nous pouvons tous nous mettre d’accord.  Ce qu’il nous faut relativiser n’est pas l’universalité de cette description, mais plutôt sa complétude. Oui, la description scientifique

Physique quantique et réalisme scientifique chez Paul Jorion

Un condensé de plusieurs billets récents, publié sur le blog de Paul Jorion... Ca se passe ici

La science peut-elle remplacer la philosophie ?

Certains le pensent. On retrouve par exemple cette idée chez les défenseurs d’un athéisme “militant”, qui pensent que la question de l’existence de Dieu est réglée par la science (par la négative bien sûr), et pour qui les nuances apportées par certains philosophes, par exemple celle de la distinction entre naturalisme méthodologique et philosophique, qui font de l’athéisme un positionnement métaphysique (certes assez défendable), sont simplement malvenues... Cette tradition est sans aucun doute la digne héritière du positivisme et du scientisme. Plus récemment, le livre de Stephen  Hawking et Leonard Modlinov “Le grand design” propose lui aussi une thèse anti-philosophique en soutenant qu’aujourd’hui la philosophie inutile, dépassée par les sciences qui seules nous permettent d’en savoir plus sur les “grandes questions existentielles”. On pourra lire au sujet de ce livre cet excellent billet (en anglais) , où il est remarqué, très justement, que la plupart du temps, quand quelqu’un se

La pensée orientale est-elle incommensurable à la culture occidentale ?

On entend souvent dire, ou sous-entendre, que les concepts de la philosophie orientale seraient à jamais incompréhensible pour quelqu'un possédant une culture occidentale. Le yin et le yang, ou les dharma, ou d'autres choses encore, serait pour nous des concepts à jamais obscure, et de même, les orientaux ne comprendrait pas pleinement notre rationalité. La philosophie orientale n'est prise ici que comme exemple. De manière générale, on entend souvent dire que certaines choses propres à certaines cultures ou certaines langues sont à jamais inaccessibles / intraduisibles.

La nature de la science

Dans le précédent billet, nous avons constaté l'échec d'un réalisme scientifique stricte pour rendre compte de l'existence "à la première personne". Dans l'univers bloc contenant tous les possibles, tous les passés, tous les futurs, la notion d'existence est détérioré au point de ne plus avoir de réelle signification. Tout existe. Et dans cet univers bloc, mon existence, à moi, maintenant, ne peut être qu'arbitraire. Pourtant il faudrait relativiser cet échec. D'abord il n'est pas nouveau. A bien y réfléchir, l'univers-bloc de la physique newtonienne pose exactement les mêmes problèmes : le présent y est arbitraire. Avec la relativité, c'est pire encore, puisqu'il n'est plus absolu mais local. Finalement, la physique quantique ne fait que rendre plus criante l'absurdité du réalisme scientifique, en nous poussant à admettre l'existence non seulement du passé et du futur, mais aussi de tous les mondes possibles. Plutôt q

La physique quantique, ou l'échec du réalisme scientifique

Nous allons commencer par décrire la théorie elle-même, non de manière parfaitement rigoureuse, mais en proposant une compréhension simplifiée de celle-ci que j'estime globalement non trompeuse. Puis nous examinerons les différentes approches qui existent pour son interprétation, et nous nous attarderons sur les approches réalistes, en particulier l'interprétation d'Everett, pour montrer qu'elle ne semble pas pouvoir rendre compte de notre expérience. Mais commençons par résumer le contenu de la physique quantique.

Le rôle de la philosophie

Selon une conception assez répandue, le rôle de la philosophie est de clarifier les concepts. Que signifie "clarifier les concepts" ? On peut s'apercevoir que le langage est purement relationnel. Comment saurais-je si quiconque voit le rouge exactement comme je le vois ? C'est donc que le mot "rouge" ne fait pas référence à ma façon propre de voir le rouge, mais plutôt à la corrélation qui existe entre nos perceptions du rouge. Il se trouve que chaque fois que je vois quelque chose de (mon) rouge, vous voyez aussi quelque chose de (votre) rouge, et c'est cette corrélation qui nous permet l'usage du mot "rouge". C'est elle qui m'a permit d'apprendre le mot. Et de la même manière, comme nous l'avons déjà observé , un concept n'est finalement lui même que la corrélation entre différents ensembles de perceptions. "Mon" rouge ne désigne lui même que la ressemblance entre mes expériences du rouge, le clair, le fonc