Une alternative au Bayésianisme

J’ai expliqué à plusieurs reprises pourquoi je ne suis pas Bayésien: l’idée qu’on aurait dans la tête des degrés de crédence représentables par des nombres réels associés à chaque croyance concevable me semble implausible sur le plan descriptif, et inutile en tant qu’idéal normatif. Y a-t-il une alternative ?

Je pense que la suivante pourrait marcher. Pour chaque croyance concevable, il existe trois attitudes possibles :

  1. Ne pas la considérer du tout
  2. L’envisager comme possible
  3. La croire vraie

Si l’on combine ces attitudes avec les attitudes possibles envers la négation de la proposition, on obtient les cas suivant, en imaginant que P soit connoté positivement (souhaitable):

Non envisagé Possible Vrai
Non envisagé | Désintérêt Anxiété Déni
Possible | Espérance Indécision Doute
Vrai | Certitude Confiance Confusion

On a ici un paysage qui me semble correspondre aux attitudes qu’on entretient de fait envers diverses pensées. Les attitudes qu’on peu classer comme proprement épistémiques sont les suivantes, par ordre de certitude : Déni, doute, indécision, confiance et certitude. C’est à dire qu’on peut croire ou nier une chose à 5 degrés divers suivant cette théorie, ce qui offre déjà une palette de croyances partielles. On a ensuite deux attitudes, l’anxiété et l’espérance, qui ne sont pas entièrement épistémique, mais qu’on pourrait qualifier d’attitudes implicites, au sens où un seul de P et de sa négation est envisagé.

Sur le plan épistémologique, l’idée est simplement qu’une proposition P devient considérée comme vraie quand on atteint un certain seuil de preuve en sa faveur. Avant cela, elle est juste contemplée, pour ainsi dire. Mais la considérer vraie n’est pas suffisant pour en être certain. Pour cela, il faut en plus éliminer les croyances concurrentes jusqu’à ce qu’elles ne soient même plus envisageables. Sinon on peut seulement parler de confiance. Et si l’on trouve des preuves en faveur des croyances concurrentes également, on entre dans un contexte de confusion.

Mais alors, me direz-vous, on perd toute notion de probabilité ? Les calculs sur les dés ou les jeux de carte ne sont pas pertinent ? Pas du tout : il s’agit de croyances envers des probabilités réelles, dans le monde, et non pas dans nos têtes. Il n’y a juste aucune raison d’en faire des degrés de crédence.

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