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Affichage des articles du novembre, 2012

Bergson et la physique quantique

Il est notoire que Bergson s'est trompé quant à son interprétation de la relativité restreinte (dans « durée et simultanéité »). En effet Bergson n'accepte pas qu'il puisse exister une multiplicité de durées vécues. Pour lui le temps mesuré du physicien est simplement un artefact de calcul, mais il faut réintégrer l'ensemble dans un temps vécu universel qui est le seul véritable temps, et qui est le même pour tous. Enfin, il pense que le vieillissement est qualitatif, est en tant que tel appartient à ce temps vécu. La conclusion du paradoxe des jumeaux serait donc fausse. Il faut bien voir que la compréhension qu'a Bergson de la relativité n'est pas si naïve, et de fait, il est parfaitement possible de réintroduire un temps absolu en relativité restreinte (simplement en fixant un référentiel privilégié). C'est d'ailleurs exactement ce qui se produit quand on passe à la relativité général : un temps cosmologique unique émerge (celui qui nous permet de p

Réalisme et signification

Peut-être le dernier article a pu laisser planer un doute quant au réalisme de la position que j'y défend. Y a-t-il un sens à dire que, par exemple, le concept d'or est socialement construit ? Est-ce à dire, par exemple, qu'il aurait pu ne pas correspondre au numéro atomique 79, mais soit qu'il aurait pu avoir un numéro atomique différent (comme si le monde se modifiait quand on faisait des découvertes), soit qu'il aurait pu être décrit pas une théorie alternative complètement différente, incommensurable à celle que nous connaissons ? Les atomes d'or avaient-ils déjà 79 électrons du temps d'Archimède (existaient-ils seulement) ? Ou bien encore, est-ce qu'une espèce intelligente différente de la notre aurait une représentation différente de la notre des composés chimiques, comme l'or ?

Putnam et l'externalisme de la signification

Dans son célèbre article « the meaning of meaning », Putnam présente sa théorie de la signification. Comme il l'explique, on comprend généralement, à propos d'un terme, son intension (c'est à dire ce que recouvre le concept pour une personne donnée, sa signification) et son extension (ce à quoi il s'applique dans le monde). L'internalisme classique veut que de connaître la signification d'un terme corresponde strictement à des états mentaux internes , d'une part, et que cette signification détermine entièrement son extension d'autre part. Pour autant que je sache ce qu'est de l'eau, il suffit de savoir ce que j'ai dans la tête quand je dis « de l'eau » pour savoir exactement ce que ce terme signifie, et ce qu'il recouvre dans le monde,. Voilà qui paraît censé, mais Putnam pense que ce n'est pas le cas. D'une part, affirme-t-il, la restriction des états mentaux à quelque chose d'interne aux personnes n'est pas lié à

Faut-il vraiment avoir des opinions politiques ? (Réédition)

J'ai argumenté il y a un certain temps que nous ne devrions pas nécessairement avoir d'opinions politiques définitives, parce qu'elles ne sont pas vérifiables, faute d'une information suffisante. Je pense aujourd'hui que le problème est bien plus profond : même correctement informé, il peut être impossible de se faire une opinion définitive, pour la raison simple que celles-ci tendent à être performatives et qu'il ne peut y avoir, en conséquence, de faits bruts. Ceci tient à l'absence d'une réelle dichotomie entre faits et valeurs. Ainsi plutôt que de s'abstenir d'avoir des opinions, ce que je maintenais à l'époque (et encore aujourd'hui en une certaine mesure) devrions nous assumer pleinement le caractère valuatif de celles-ci.

L'impossible réduction de nos états mentaux

Pour la plupart d'entre nous, la "réalité" est constituée de personnes, d'objets manufacturés, de bâtiments, d'êtres vivants, de paysages, de pensées, d'émotions, de dialogues, d'activités, d'institutions, de règles, de symboles et d'objets symboliques (comme l'argent), de pays, de cultures, etc. Y a-t-il un sens à dire que cette réalité est une illusion ? Je ne le pense pas. Pourtant certains affirment que la réalité est en fait constituée de "particules (ou champs) matériels dans l'espace temps, point". Et par "point", ils entendent nous dire qu'il n'y a rien de plus, c'est à dire que toutes ces choses qu'on croit naïvement être les constituants du monde, en fait, n'existe pas vraiment, que ce sont des formes d'illusions. Bien sûr ces personnes n'habitent pas un autre monde que le nôtre, et je doute que leur quotidien soit affecté d'une manière ou d'une autre par ces affirmati

Why Quantum Mechanics Matters

J'ai été un peu occupé ces derniers temps, entre autre à la finalisation de cet article (en anglais) qui n'est en fait que l'approfondissement de ce billet . Je compte le soumettre bientôt, les commentaires sont plus que bienvenus. Un commentaire récent sur ce vieux billet m'invitait à répondre à un appel à contribution du bulletin métapsychique (parapsychologie) sur le thème de l'élusivité. J'ai un point de vue mitigé sur la parapsychologie (que je détaille dans le billet en question) et ce n'est pas non plus mon sujet de prédilection. J'ai quand même proposé un article, dans lequel le sujet imposé me sert plutôt de prétexte à exposer mes thèses en philosophie de l'esprit (bien qu'honnêtement les liens existent). J'y expose également, succinctement, ma vision de la parapsychologie. L'article a été accepté sous condition de révisions assez importantes (notamment de résumer plus succinctement mes thèses, de dissiper certains malentend