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Affichage des articles du 2019

Le constructivisme comme scientisme

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Le constructivisme social est l'objet de débats parfois houleux. On associe souvent ce type de thèse au "post-modernisme", à la négation de l'objectivité de la science, à de l'anti-rationalisme. Le constructivisme affirme de certaines catégories de phénomènes qu'ils sont "socialement construits", et s'oppose en cela au naturalisme, suivant lequel il s'agit de catégories naturelles. Mais cette idée peut se comprendre de différentes manières. Ici je souhaiterai défendre (développant une vieille idée ) que c'est une version forte de constructivisme qui nourrit réellement les débats militants, les autres versions ayant des implications beaucoup moins radicales, et que cette version forte, quand elle est généralisée, s'apparente à un scientisme sociologique.

Quelle place pour les valeurs en science ?

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On fait parfois la différence entre valeurs épistémiques (ce qui fait qu'une théorie est bonne ou mauvaise selon des critères rationnels ou scientifiques) et valeurs contextuelles (ce qui fait qu'une chose est bonne ou mauvaise vis-à-vis de la morale, d'un contexte social ou d'intérêts particuliers). Il peut y avoir cette idée, parfois critiquée en philosophie, que la science "pure" est "neutre", ou devrait l'être, qu'elle ne devrait être mue que par des valeurs épistémiques. Son but serait de produire de bonnes théories, de bonnes connaissances, indépendamment de considérations morales, sociales ou subjectives. L'intervention de valeurs contextuelles serait un obstacle à la recherche d'objectivité, valeur cardinale en science. Ces questions sont liées à celles concernant la responsabilité des scientifiques. Peut-on par exemple défendre l'idée que la science, seulement mue par une recherche du vrai, n'a aucune respons

Lois naturelles contre régularité accidentelle : une différence de priors bayésiens ?

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Imaginez que vous souhaitiez observer un certains nombres de corbeaux, disons dix, pour vérifier que votre hypothèse "tous les corbeaux sont noirs" est correcte. Si vous n'en voyez que des noirs, cela vous confortera, et vous vous attendrez à ce qu'un onzième soit noir également, sans surprise. Vous avez effectué un raisonnement amplifiatif : l'observation d'un échantillon vous amène à modifier vos croyances à propos d'autres objets, en dehors de votre échantillon. Si maintenant vous jouez à pile ou face avec une pièce non truquée et observez dix fois "pile", vous penserez faire face à un énorme coup de hasard, mais vous ne devriez pas inférer que le onzième lancé sera "pile" : il y a toujours une chance sur deux qu'il tombe sur face, indépendamment des résultats précédents. C'est une chose qu'on enseigne dans tous les cours sur les probabilités. Ainsi le raisonnement à adopter est différent dans les deux cas.

Pourquoi je ne suis pas bayésien

Je ne suis pas Bayésien. En tout cas pas au sens où la formule de Bayes serait applicable et devrait être appliquée de manière universelle pour évaluer ses croyances. Je pense que la formule de Bayes a un domaine d'application très limité. Mes raisons sont assez simple. La formule de Bayes est la suivante : p(H/D)=p(D/H)•p(H)/p(D). Il est éclairant d'analyser p(D) comme la somme des p(D/Hi)•p(Hi), ou les Hi sont toutes les hypothèses possibles, et s'excluent mutuellement. De cette manière on se retrouve avec les éléments suivants dans la formule de Bayes : p(H/D) ce qu'on cherche à calculer, à savoir le degré de confirmation d'une hypothèse H étant donné une donnée D des données pour faire ce calcul, à savoir p(Hi) des probabilités a priori pour toutes les hypothèses possibles p(D/Hi) les prédictions de D par toutes les hypothèses Hi possibles. Il s'ensuit que le domaine d'application de la formule de Bayes est l'ensemble des contex