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Affichage des articles du juillet, 2012

La conscience est connaissance (suite)

Nous avons vu dans le billet précédant que tout état conscient peut être a priori interprété en terme de connaissance. La thèse inverse pourrait sembler absurde (comment, ne sais-tu pas ce que tu vois, ce que tu entends, ce que tu penses ?) mais il n’est pas exclu que l’expérience consciente puisse revêtir un aspect ineffable et élusif : la connaissance serait donc plutôt ce qu’il y a à tirer de nos états conscients, leur formalisation. En effet on pense généralement (et notamment suite à l’argument de Wilfried Sellars contre le “mythe du donné”) que la connaissance peut s’exprimer sous forme de prédicats, qu’elle peut donc être formalisée, quand bien même les significations à la base des prédicats seraient en un certain sens holistiques, c’est à dire non pas définies absolument (ni données), mais plutôt relativement les unes par rapport aux autres, de manière à ce que l’ensemble de nos significations et connaissances forme un tout inséparable, confronté unitairement au réel. Cette con...

La conscience est connaissance

On associe souvent la conscience au fait d’avoir une expérience phénoménale. J’ai pu défendre par ailleurs le panexperientialisme, qui veut que tout système matériel soit lieu d’expériences phénoménales. Est-ce à dire que tout objet est conscient ? Voilà qui semble absurde. En fait je pense qu’il faut décorréler la question de la phénoménalité de la conscience. Il faut voir la conscience comme un mode particulier d’existence phénoménale permettant de rendre compte des aspects phénoménaux, de les mémoriser et de les rapporter, mais n’ayant pas l’exclusivité de la phénoménalité, qui est en fait un aspect de la matérialité en général. Cette position offre plusieurs avantages, et notamment le fait de pouvoir s’accorder en tout point avec le fonctionnalisme ou le physicalisme, tant qu’il n’est question que de cognition, de conscience “à la troisième personne” (considérée d’un point de vue extérieur comme un ensemble de capacités) et par exemple avec les analyses de Dennett, sans pour aut...

La philosophie de l'esprit contemporaine est-elle à côté de la plaque ?

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N'ayant pas reçu de formation universitaire en philosophie, j'ai toujours à coeur de me mettre à niveau sur la recherche contemporaine. C'est la promesse que me faisait miroiter l'ouvrage "la philosophie de l'esprit" de Michael Esfeld : un résumé succinct des discussions ayant eu cours lors des dernières décennies en philosophie de l'esprit, sous forme de différentes leçons, résumées et suivie d'exercices. L'auteur prévient en introduction qu'il s'agit de l'approche d'une personne non neutre ("trahissant la manière dont l'auteur évalue ces arguments"). Le compte rendu des débats contemporains donné par l'ouvrage m'a semblé malgré tout objectif, détaillant précisément différentes options opposées sur de nombreux problèmes, bien qu'il me soit difficile de juger de son exhaustivité. Je le conseille donc à toute personne que le sujet intéresse.

De quoi parle-t-on quand on parle de la conscience ?

Il y a la désormais célèbre distinction de Chalmers entre le problème "facile" de la conscience et le problème "difficile". Le premier fait référence à la conscience comme faculté cognitive, le second comme expérience phénoménale. Quand j'affirme que la conscience n'est pas un phénomène physique , c'est à la seconde que je fais référence, et l'aspect purement cognitif de la conscience a sans doute été assez largement ignoré sur ce blog. Je m'y propose d'y remédier en partie dans cet article. Le problème facile est facile parce qu'il est un problème "à la troisième personne" (c'est à dire pouvant être formulé objectivement), et en tant que tel, peut être formulé comme un problème empirique : quels sont les mécanismes neurologiques qui permettent à un organisme de réagir comme un être conscient, de planifier, de communiquer, etc. Le problème difficile est difficile parce qu'il ne s'agit pas d'un problème scienti...

Bergson contre Dennett

A première vue tout oppose l'approche analytique de Dennett et l'approche plutôt phénoménologique de Bergson. J'ai été surpris, pourtant, en lisant dans la foulée ces deux auteurs que plus d'un siècle sépare, de constater de multiples points communs ("la conscience expliquée" et "essai sur les données immédiates de la conscience").