Identité et objectivité
Qu'est ce qui différencie pour nous l'objectif et le subjectif ?
La connaissance objective
En dernier lieu, tout est subjectif. La seule vérité fondamentale est le cogito : j'existe et je perçois des choses. Ce que nous appelons "objectif" est donc en réalité "intersubjectif" : c'est ce que nous savons être vrai à la fois pour nous et pour nos semblables, ce sur quoi nous sommes capable de nous mettre d'accord. Ce sur quoi je ne peux pas me mettre d'accord est subjectif, c'est une vue personnel. Ce que je ressens, par exemple, est subjectif.
Ainsi le développement de la connaissance "objective" est basé sur une forme de consensus, lui même fondé sur notre capacité à communiquer, et donc sur notre ressemblance, sur ce qu'il y a de commun dans nos représentations du monde. Notre connaissance commune, objective, trouve donc sa source dans nos facultés cognitives partagées, sans doute en partie "pré-cablées" dans le cerveau humain, c'est à dire dans notre entendement
En quelque sorte, ce qui est objectif pour nous humain, c'est ce qui est subjectif à l'échelle de l'humanité.
Faut-il adopter, à la suite du post-modernisme, un relativisme radical qui verrait dans toute forme de connaissance une pure construction ? L'objectivité est-elle une pure illusion ? Non, car nous ne fonctionnons pas en circuit fermé : nous sommes bel et bien plongé dans un environnement dont est issu notre connaissance, environnement sans lequel notre entendement n'aurait aucun sens. Nos connaissances sont toujours subjective, mais quand elle résistent au consensus, quand nous les qualifions d'objectives, c'est qu'elles résistent à une multiplication de points de vues différents. Bien que nous soyons sans doute tous "cablés" légèrement différemment, nous tombons d'accord.
C'est cette stabilité aux changements de point de vue qui nous laisse penser que ce qui est objectif est un attribut d'une réalité qui nous est indépendante. Or qu'est-ce que la science, si ce n'est multiplier les points de vue possibles, les appareils de mesures et les expériences, afin de chercher à déterminer le "noyau dur" de la réalité ? On peut même imaginer qu'il serait possible de se mettre d'accord sur des points fondamentaux de la réalité avec une hypothétique espèce extra-terrestre intelligente qui serait "cablée" complètement différemment, parce que ce cablage, c'est à dire nos faculté de représentations, est lui même induit par la réalité, il est le miroir de notre environnement, miroir imparfait, certes, et sujet à l'illusion, mais néanmoins miroir, forgé par l'évolution.
L'identité subjective
A l'opposé de cette connaissance commune objective, ce qui fonde notre identité individuelle, ce que nous jugeons personnel, c'est ce sur quoi il est impossible de nous mettre d'accord entre individus. Aucun autre que moi ne perçoit exactement ce que je perçois, ni ne ressent toujours ce que je ressens au même moment. C'est l'ensemble de ce qui se rapporte à moi uniquement, de ce qui n'est pas communicable, qui fonde mon identité, et celle-ci n'est donc pas nécessairement restreinte à mon corps. Elle peut s'étendre au delà, aux objets qui me sont propre et avec lesquels j'entretiens une relation intime, à l'endroit où je vis.
On comprend donc qu'il puisse exister des identités à tous les niveaux, et pas seulement au niveau individuel. On parle souvent d'identités communautaires : encore une fois celes-ci sont définies par un ensemble de représentations qui ne sont pas partageable au delà de la communauté, qui lui sont propres, subjectives à son échelle.
Bien entendu l'identité individuelle et l'identité communautaire semblent incomparables, mais on peut supposer que ces deux formes d'identités puissent partager une nature semblable, une même ontologie, bien que prenant des formes et des intensités différentes, et néanmoins réussir à comprendre ce qui fait leur différence.
La nature de l'identité serait la suivante : celle-ci émergerait de la mise en commun de représentations semblables du monde, donc à travers la communication (Ceci rejoint nos considérations précédentes sur l'organisation de la matière).
En ce sens l'identité individuelle peut être conçue, chez l'homme, comme émergent de la communication des différents "modules" cérébraux partageant des représentations communes. Ce serait parce que la représentation du monde issue de notre audition corrobore à celle de notre vision (les sons et les images concordent) et parce que celles-ci sont synchronisées à l'échelle du cerveau et communiquent, que nous pourrions posséder une identité forte. Ce serait la cohérence de nos différents "modules" cognitifs qui renforcerait notre identité, tout comme la cohérence dans les modes de pensées de différents individus renforce l'identité d'un groupe, et si c'est modules ne pouvaient se mettre d'accord, si notre représentation visuelle ne concordait jamais à notre représentation auditive, il est fort probable que nous ne posséderions pas de réelle identité.
Si une communauté n'est jamais une réelle identité au sens où l'est un individu, c'est d'une part parce que la communication humaine est imparfaite, parce que les humains ne coïncident jamais exactement entre eux, mais aussi parce qu'aucune communauté n'est une île. L'ensemble de ses membres communiquent toujours avec un grand nombre d'individus qui lui sont extérieurs et suivant des modalités diverses. Mais on observe bien que plus une communauté est fermée et plus son identité est forte, au point, par exemple dans le cas des sectes, que l'identité des individus semblent s'y dissoudre.
Il en résulte une conception de l'identité qui n'est pas nette : celle-ci ne peut pas être conçue comme un domaine fermé dont les frontières sont établies. Si nous relions la notion d'identité au phénomène de la conscience, on voit également que la conscience n'est jamais un domaine fermé. Certaines choses sont au centre de notre attention, d'autres à sa périphérie. Quand je lis un livre, je reste plus ou moins conscient de mon environnement, il ne disparait pas totalement. Nous pouvons voir l'identité, au niveau individuel, comme la persistance de la conscience, et de même que les limites de la conscience sont floues, celles de l'identité le sont. Plusieurs identités peuvent cohabiter et s'imbriquer. Les identités peuvent être plus ou moins intenses.
Toutes ces considérations peuvent éclairer différents domaines, en particulier les phénomènes socio-psychologiques.
La connaissance objective
En dernier lieu, tout est subjectif. La seule vérité fondamentale est le cogito : j'existe et je perçois des choses. Ce que nous appelons "objectif" est donc en réalité "intersubjectif" : c'est ce que nous savons être vrai à la fois pour nous et pour nos semblables, ce sur quoi nous sommes capable de nous mettre d'accord. Ce sur quoi je ne peux pas me mettre d'accord est subjectif, c'est une vue personnel. Ce que je ressens, par exemple, est subjectif.
Ainsi le développement de la connaissance "objective" est basé sur une forme de consensus, lui même fondé sur notre capacité à communiquer, et donc sur notre ressemblance, sur ce qu'il y a de commun dans nos représentations du monde. Notre connaissance commune, objective, trouve donc sa source dans nos facultés cognitives partagées, sans doute en partie "pré-cablées" dans le cerveau humain, c'est à dire dans notre entendement
En quelque sorte, ce qui est objectif pour nous humain, c'est ce qui est subjectif à l'échelle de l'humanité.
Faut-il adopter, à la suite du post-modernisme, un relativisme radical qui verrait dans toute forme de connaissance une pure construction ? L'objectivité est-elle une pure illusion ? Non, car nous ne fonctionnons pas en circuit fermé : nous sommes bel et bien plongé dans un environnement dont est issu notre connaissance, environnement sans lequel notre entendement n'aurait aucun sens. Nos connaissances sont toujours subjective, mais quand elle résistent au consensus, quand nous les qualifions d'objectives, c'est qu'elles résistent à une multiplication de points de vues différents. Bien que nous soyons sans doute tous "cablés" légèrement différemment, nous tombons d'accord.
C'est cette stabilité aux changements de point de vue qui nous laisse penser que ce qui est objectif est un attribut d'une réalité qui nous est indépendante. Or qu'est-ce que la science, si ce n'est multiplier les points de vue possibles, les appareils de mesures et les expériences, afin de chercher à déterminer le "noyau dur" de la réalité ? On peut même imaginer qu'il serait possible de se mettre d'accord sur des points fondamentaux de la réalité avec une hypothétique espèce extra-terrestre intelligente qui serait "cablée" complètement différemment, parce que ce cablage, c'est à dire nos faculté de représentations, est lui même induit par la réalité, il est le miroir de notre environnement, miroir imparfait, certes, et sujet à l'illusion, mais néanmoins miroir, forgé par l'évolution.
L'identité subjective
A l'opposé de cette connaissance commune objective, ce qui fonde notre identité individuelle, ce que nous jugeons personnel, c'est ce sur quoi il est impossible de nous mettre d'accord entre individus. Aucun autre que moi ne perçoit exactement ce que je perçois, ni ne ressent toujours ce que je ressens au même moment. C'est l'ensemble de ce qui se rapporte à moi uniquement, de ce qui n'est pas communicable, qui fonde mon identité, et celle-ci n'est donc pas nécessairement restreinte à mon corps. Elle peut s'étendre au delà, aux objets qui me sont propre et avec lesquels j'entretiens une relation intime, à l'endroit où je vis.
On comprend donc qu'il puisse exister des identités à tous les niveaux, et pas seulement au niveau individuel. On parle souvent d'identités communautaires : encore une fois celes-ci sont définies par un ensemble de représentations qui ne sont pas partageable au delà de la communauté, qui lui sont propres, subjectives à son échelle.
Bien entendu l'identité individuelle et l'identité communautaire semblent incomparables, mais on peut supposer que ces deux formes d'identités puissent partager une nature semblable, une même ontologie, bien que prenant des formes et des intensités différentes, et néanmoins réussir à comprendre ce qui fait leur différence.
La nature de l'identité serait la suivante : celle-ci émergerait de la mise en commun de représentations semblables du monde, donc à travers la communication (Ceci rejoint nos considérations précédentes sur l'organisation de la matière).
En ce sens l'identité individuelle peut être conçue, chez l'homme, comme émergent de la communication des différents "modules" cérébraux partageant des représentations communes. Ce serait parce que la représentation du monde issue de notre audition corrobore à celle de notre vision (les sons et les images concordent) et parce que celles-ci sont synchronisées à l'échelle du cerveau et communiquent, que nous pourrions posséder une identité forte. Ce serait la cohérence de nos différents "modules" cognitifs qui renforcerait notre identité, tout comme la cohérence dans les modes de pensées de différents individus renforce l'identité d'un groupe, et si c'est modules ne pouvaient se mettre d'accord, si notre représentation visuelle ne concordait jamais à notre représentation auditive, il est fort probable que nous ne posséderions pas de réelle identité.
Si une communauté n'est jamais une réelle identité au sens où l'est un individu, c'est d'une part parce que la communication humaine est imparfaite, parce que les humains ne coïncident jamais exactement entre eux, mais aussi parce qu'aucune communauté n'est une île. L'ensemble de ses membres communiquent toujours avec un grand nombre d'individus qui lui sont extérieurs et suivant des modalités diverses. Mais on observe bien que plus une communauté est fermée et plus son identité est forte, au point, par exemple dans le cas des sectes, que l'identité des individus semblent s'y dissoudre.
Il en résulte une conception de l'identité qui n'est pas nette : celle-ci ne peut pas être conçue comme un domaine fermé dont les frontières sont établies. Si nous relions la notion d'identité au phénomène de la conscience, on voit également que la conscience n'est jamais un domaine fermé. Certaines choses sont au centre de notre attention, d'autres à sa périphérie. Quand je lis un livre, je reste plus ou moins conscient de mon environnement, il ne disparait pas totalement. Nous pouvons voir l'identité, au niveau individuel, comme la persistance de la conscience, et de même que les limites de la conscience sont floues, celles de l'identité le sont. Plusieurs identités peuvent cohabiter et s'imbriquer. Les identités peuvent être plus ou moins intenses.
Toutes ces considérations peuvent éclairer différents domaines, en particulier les phénomènes socio-psychologiques.
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