Le rôle de la philosophie
Selon une conception assez répandue, le rôle de la philosophie est de clarifier les concepts. Que signifie "clarifier les concepts" ?
On peut s'apercevoir que le langage est purement relationnel. Comment saurais-je si quiconque voit le rouge exactement comme je le vois ? C'est donc que le mot "rouge" ne fait pas référence à ma façon propre de voir le rouge, mais plutôt à la corrélation qui existe entre nos perceptions du rouge. Il se trouve que chaque fois que je vois quelque chose de (mon) rouge, vous voyez aussi quelque chose de (votre) rouge, et c'est cette corrélation qui nous permet l'usage du mot "rouge". C'est elle qui m'a permit d'apprendre le mot. Et de la même manière, comme nous l'avons déjà observé, un concept n'est finalement lui même que la corrélation entre différents ensembles de perceptions. "Mon" rouge ne désigne lui même que la ressemblance entre mes expériences du rouge, le clair, le foncé, le pale et le vif. Et bien sûr il existe une interaction entre le concept et le mot.
Puisque le langage est purement relationnel, on peut penser qu'il est vain de vouloir parler des "choses en soi" dans leurs singularités. Seule la conceptualisation a son intérêt.
Un concept est ambigüe si sa relation au réel n'est pas clairement définie. Le rôle de la philosophie, s'il est de clarifier les concepts, c'est donc d'affiner la corrélation entre le concept et le réel. C'est de faire en sorte que cette corrélation soit la plus systématique possible. Autrement dit, c'est de savoir exactement de quoi l'on parle, et "savoir de quoi on parle", c'est pouvoir établir une fonction qui associe de manière non équivoque une proposition donnée à un ensemble d'observations du réel. On peut dire en quelque sorte que le projet de la philosophie, c'est la naturalisation du discours.
On peut s'apercevoir que le langage est purement relationnel. Comment saurais-je si quiconque voit le rouge exactement comme je le vois ? C'est donc que le mot "rouge" ne fait pas référence à ma façon propre de voir le rouge, mais plutôt à la corrélation qui existe entre nos perceptions du rouge. Il se trouve que chaque fois que je vois quelque chose de (mon) rouge, vous voyez aussi quelque chose de (votre) rouge, et c'est cette corrélation qui nous permet l'usage du mot "rouge". C'est elle qui m'a permit d'apprendre le mot. Et de la même manière, comme nous l'avons déjà observé, un concept n'est finalement lui même que la corrélation entre différents ensembles de perceptions. "Mon" rouge ne désigne lui même que la ressemblance entre mes expériences du rouge, le clair, le foncé, le pale et le vif. Et bien sûr il existe une interaction entre le concept et le mot.
Puisque le langage est purement relationnel, on peut penser qu'il est vain de vouloir parler des "choses en soi" dans leurs singularités. Seule la conceptualisation a son intérêt.
Un concept est ambigüe si sa relation au réel n'est pas clairement définie. Le rôle de la philosophie, s'il est de clarifier les concepts, c'est donc d'affiner la corrélation entre le concept et le réel. C'est de faire en sorte que cette corrélation soit la plus systématique possible. Autrement dit, c'est de savoir exactement de quoi l'on parle, et "savoir de quoi on parle", c'est pouvoir établir une fonction qui associe de manière non équivoque une proposition donnée à un ensemble d'observations du réel. On peut dire en quelque sorte que le projet de la philosophie, c'est la naturalisation du discours.
Commentaires
Je ne me souviens plus de qui j'ai lu ça, (d'Espagnat peut-être) mais la physique quantique ne décrit pas une réalité en soi : une réalité objective, elle décrit plutôt une réalité inter-subjective.
Il me semble qu'avoir chacun son rouge et néanmoins s'entendre sur ce concept est une façon inter-subjective de voir la réalité.
Pourtant, il y a une différence fondamentale entre les deux :
Concernant le rouge, on peut le définir de façon objective comme étant une onde électromagnétique d'une longueur d'onde bien spécifique (ou plutôt un intervalle : 630 à 780 nm). Quelque soit la méthode utilisée pour mesurer cette couleur, le résultat sera toujours le même, ce qui donne bien le sentiment d'une réalité indépendante.
Au contraire, en physique quantique, selon le type d'appareil de mesure, on mesure une propriété semblant appartenir à une particule ou une propriété semblant appartenir à une onde. Les deux propriétés s'excluant l'une l'autre, il est difficile de définir un concept unique pour "l'objet" mesuré (d'où la dualité onde-corpuscule).
Qui des philosophes ou des physiciens clarifieront ces difficultés en premier ?
Je pense que l'approche de l'interprétation relationnelle de la physique quantique est très intéressante de ce point de vue, puisqu'elle nie en quelque sorte qu'il existe une réalité objective (un peu à la manière dont on nie qu'il existe un présent absolu en relativité - d'ailleurs cette interprétation permet de résoudre simplement le paradoxe EPR, ou le choix retardé, dans un cadre relativiste).
Mais je pense, personnellement, qu'il est nécessaire de replacer la description scientifique elle même dans un cadre plus large, et de reconnaitre que son rôle n'est pas de décrire les choses en soi (et que donc ce qui se laisse décrire par la science n'est pas tout ce qui existe) mais uniquement les relations entre les choses. Mais là je m'avance un peu sur le sujet d'un futur billet qui me trotte dans la tête depuis un moment...
On pourrait dire que justement, si la question était résolue (de savoir ce qu'est la justice, la bonté), elle ne serait plus philosophique, mais soit scientifique, soit purement pratique.
En même temps, si le mot existe, c'est qu'il fait référence à quelque chose de réel, ou du moins qu'il correspond à une réalité pour ceux qui l'utilisent, à même d'être exprimée et clarifiée. Est-ce un sentiment (le sentiment d'injustice) ? Le concept est-il fondé sur des critères, sur un objectif à atteindre ? etc. Plusieurs conceptions différentes de la justice en découlent (utilitariste, ...).