Idée reçue numéro 2 - le naturel et l'artificiel

Ce qui est artificiel serait anti-naturel, ou néfaste pour la nature.
En réalité l'homme lui même est naturel, la nature est créatrice, et par conséquent les créations de l'homme ne sont que les créations les plus sophistiquées que nous connaissions de la nature elle même, à travers nous.
Loin de moi l'idée de cautionner n'importe quelle action de l'homme ni d'affirmer qu'elles se valent toutes. Cependant l'idéalisation, la sacralisation à outrance de tout ce qui est naturel, l'idée d'un sanctuaire intouchable du naturel et la diabolisation de toute action de l'homme est naïve même si tout indique que ces actions auraient tout intérêt à être teintées de respect. Mais c'est un autre problème.
En fin de compte, la distinction entre le naturel et l'artificiel est elle même artificielle. Elle est donc également naturelle...

Commentaires

Anonyme a dit…
Ouh ça sent son Descartes à plein nez ça.

Mais il me semble qu'il s'agit presque d'un paralogisme. En tout cas dans le texte, le glissement sémantique sur "naturel" ne laisse pas de m'interroger.

M'est avis qu'il existe quand même une forme de saut "qualitatif" dans l'action humaine qui l'éloigne de son pouvoir d'action dit "naturel".

Verra-t-on jamais un animal à même de rayer de la carte son environnement et ainsi se condamner ? On pourrait penser à l'autorégulation des lapins et des renards...

Mais qui est notre renard à nous ?

Nous avons bien dépassé le cap du naturel pour entrer en responsabilité. Non ?
Quentin Ruyant a dit…
> "M'est avis qu'il existe quand même une forme de saut "qualitatif" dans l'action humaine qui l'éloigne de son pouvoir d'action dit "naturel"."

Je suis d'accord. Je joue un peu sur les mots... Mais quelque part, puisque nous sommes issus de la nature, on peut penser que ce qu'il y a de si particulier dans l'homme ne peut être que l'émanation sous une forme nouvelle et plus aboutie de quelque qui existe déjà dans la nature.

Par ailleurs, sans doute à cause de la crise environnementale, il y a comme un regain de l'idée de nature "vierge", sacrée, et la diabolisation de toute action de l'homme sur la nature comme quelque chose d'anti-naturel. C'est une idée un peu naïve je trouve, et c'est ça que je voulais exprimer. Mais ceci dit l'idée de la nature offerte à l'homme qui en est le garant l'est tout autant, et est bien plus dangereuse... Bon... A approfondir donc ! En tout cas merci pour ces remarques.
Anonyme a dit…
Bon, j'ai pas la science infuse non plus.

Mais lisant qu'il est aussi naturel pour l'horloge de donner l'heure que pour l'arbre de produire des fruits, je ne peux m'empêcher de voir Descartes comme un pratiquant des salons, prêt à certaines contorsions mondaines. Aaaaah l'Esprit...

J'avais peut-être l'air trop affirmatif.En tout cas merci pour ton site et ces pistes de réflexions. Poursuivons le débat.
Quentin Ruyant a dit…
Loin de moi l'idée de réduire la vie à de la mécanique comme le faisait Descartes avec ses animaux automates si c'est ce que tu veux dire. Au contraire je pense qu'on sous-estime les animaux, c'est en tout cas ce que semblent indiquer pas mal de recherches en ce moment. On leur découvre des facultés sociales, intellectuelles, etc. Etablir un critère d'humanité objectif devient de plus en plus difficile à mesure que nous étudions les animaux. Aujourd'hui la position des scientifiques est d'admettre qu'il y a une continuité entre l'animal et l'homme.

Cependant là où il y a une différence essentielle, ce n'est pas dans l'homme lui même mais dans la société qui nous construit, et qui émerge de l'homme. Autrement dit : prenons quelques hommes à la naissance et laissons les en pleine nature, avant même de leur apprendre à parler (en supposant qu'ils survivent). Ils ne seront pas fondamentalement différent d'autres animaux. Par contre si on les élève dans la société, qu'on leur donne accès aux livres, etc., ils développeront des qualités inimaginable pour un animal. C'est donc une différence biologique assez minime au départ qui autorise l'émergence de civilisations développées. On rejoint ici les théories du chaos (la sensibilité aux conditions initiales) et de l'émergence.

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