Articles

Affichage des articles du 2024

Une alternative au Bayésianisme

J’ai expliqué à plusieurs reprises pourquoi je ne suis pas Bayésien: l’idée qu’on aurait dans la tête des degrés de crédence représentables par des nombres réels associés à chaque croyance concevable me semble implausible sur le plan descriptif, et inutile en tant qu’idéal normatif. Y a-t-il une alternative ? Je pense que la suivante pourrait marcher. Pour chaque croyance concevable, il existe trois attitudes possibles : Ne pas la considérer du tout L’envisager comme possible La croire vraie Si l’on combine ces attitudes avec les attitudes possibles envers la négation de la proposition, on obtient les cas suivant, en imaginant que P soit connoté positivement (souhaitable): Non envisagé Possible Vrai Non envisagé | Désintérêt Anxiété Déni Possible | Espérance Indécision Doute Vrai | Certitude Confiance Confusion On a ici un paysage qui me semble correspondre aux attitudes qu’on entretient de fait envers diverses pensées. Les attitudes qu’on peu clas...

Pragmatisme moral

La justification a un rapport au vrai similaire au rapport que la motivation a au bien. Je m’explique. Il est trivial que “vrai” ne signifie pas “justifié”, car on peut être justifié à croire le faux (les apparences peuvent être trompeuses), et l’on peut ne pas disposer d’informations suffisantes pour être justifié à connaître la vérité sur un sujet (qui sait combien de fois a éternué Jules César dans sa vie ?) sans que cela signifie qu’il n’y ait aucune vérité sur ce sujet. C’est pour ça qu’il est intuitif d’opérer un divorce radical entre le concept de vérité, qui aurait à voir avec ce qui est indépendamment de nous, dans le monde, “en dehors de nos têtes”, et le concept de justification, qui a seulement à voir avec l’information dont on dispose. Selon cette manière de voir, la vérité serait une correspondance directe entre une croyance et des faits objectifs, mais notre expérience personnelle ou notre raisonnement ne peuvent jamais nous fournir que des indicateurs de ce qui est ...

Réalisme moral

Image
Il existe des raisons instrumentales : si je veux atteindre un but, je dois agir de telle manière. Par exemple, si je veux que ma plante survive, je dois l’arroser. Mais on peut dire que le “dois” de ce type de cas dérive du fait que je “dois” atteindre mon but (faire en sorte que ma plante survive). Ce n’est pas un devoir primitif, mais dérivé. Et mon but est peut-être encore un moyen d’en atteindre un autre, en quel cas il est lui aussi instrumental. Une manière de formuler la question du réalisme moral est de se demander s’il existe des raisons ultimes, non instrumentales, c’est-à-dire si la chaîne des raisons qu’on remonte en se demandant “pourquoi faire cela ?” à chaque étape se termine quelque part. Si c’est le cas (si ce n’est pas juste un “pourquoi pas”), et si ce quelque part n’est (au moins dans certains cas) pas relatif à un agent et à ses désirs contingents, si cette raison ultime est aussi universelle et objective, alors on peut dire que “la vie a un sens” en quelque sorte...