Obsolescence programmée et asymétrie de l'information
Le débat sur l'obsolescence programmée part sur de mauvaises bases. On ne sait pas de quoi on parle. Qu'est-ce à dire qu'un constructeur diminue délibérément la durée de vie d'un produit pour augmenter son chiffre d'affaire ? On pense évidemment à des cas caricaturaux : l'ajout d'une puce électronique qui signerait artificiellement l'arrêt de mort d'un produit pour nous forcer à en racheter un neuf. Mais bien sûr il est plus intéressant pour le constructeur d'acheter des composants de moins bonne qualité, moins chers, pour diminuer d'autant la durée de vie de son produit en réduisant ses coûts sans recourir à un tel artifice. Alors s'agit-il toujours d'obsolescence programmée ? Si l'on pense que non, alors effectivement, l'obsolescence programmée est un mythe, sauf cas rares. Pourtant au final le résultat est le même...
Il y a un aspect fallacieux dans les arguments qui prétendent que l'obsolescence programmée n'existerait pas, la durée de vie étant l'un des aspects d'un produit à optimiser en fonction du marché parmi d'autres (dont le prix ou l'apparence). Qu'une durée de vie courte soit induite par des mécanismes de marché n'enlève rien au fait que cette durée de vie soit programmée par les constructeurs, justement en vue de s'adapter au marché. Alors à partir de quand peut-on parler d'obsolescence programmée plutôt que d'optimisation de différents critères ?
Qu'est-ce que l'obsolescence programmée ?
Pour répondre à cette question, remarquons que derrière l'idée d'obsolescence programmée, il y a l'idée de manipulation, de tromperie. Il y a donc un problème d'accès à l'information. On peut donc donner sens à cette notion comme ceci :
On peut aussi généraliser la notion, en partant de l'idée que l'obsolescence programmée correspondrait à une durée des produits sous-optimale du point de vue du consommateur, que cette sous-optimalité ait pour origine une asymétrie dans l'information ou bien autre chose. On y inclus alors un nombre potentiellement plus important de cas (et notamment tout ce qui touche à l'économie du jetable) :
Il me semble évident que c'est le cas dans notre économie actuelle. L'accent mis ici sur l'information pour savoir ce qu'est une situation optimale n'est pas un hasard : Hayek insistait sur le rôle du marché comme lieu de transmission de l'information. Le libéralisme de Hayek se fonde sur l'idée qu'il est impossible d'obtenir un meilleur partage de l'information que sur un marché libre, les ressources d'une instance centrale étant nécessairement limitées par rapport à celles distribuées sur des agents poursuivant leurs intérêts propres. La juste transmission de l'information, ainsi que la rationalité des agents, jouent donc un rôle central dans l'idéalisation du marché qui permet d'atteindre un optimum. On voit alors poindre différents problèmes.
Les biais du marché libre
D'abord il se peut que certaines caractéristiques d'un produit soient moins visibles que d'autres, et que les coûts de communication associées à ces caractéristiques soient donc plus importants. A l'évidence, ce défaut de visibilité viendrait biaiser le marché en défaveur de ces caractéristiques, et au profit des caractéristiques les plus visibles. Typiquement, la durée de vie espérée d'un produit n'est clairement pas visible, voire incertaine. On comprend que les constructeurs ne voudront pas nécessairement communiquer autant dessus que sur l'apparence du produit, qui est immédiatement perceptible. Selon cette conjecture, un marché libre résulterait en des produits moins durables mais plus esthétiques (toute ressemblance avec la « société de consommation » actuelle est purement fortuite – ou pas).
Ensuite il se peut que les consommateurs ne soient pas rationnels, qu'ils aient tendance à surestimer les bienfaits à court terme des produits au détriment de leur durée de vie, ou encore qu'ils ne disposent pas de suffisamment de capital pour optimiser leurs achats. Ainsi l'argument qui veut qu'un constructeur a autant intérêt à vendre un produit deux fois plus cher qui dure deux fois plus longtemps ne tient que si cet avantage de durée est clairement lisible par le consommateur, que ce dernier a les capacité d'investissement correspondantes, et enfin qu'il n'existe pas de biais psychologiques (sans doute liés eux aussi à un problème d'incertitude ou de lisibilité de l'information) qui tendrait à faire préférer, de manière irrationnelle, de nombreuses petites dépenses plutôt qu'une seule grosse dépense. Je pense qu'on est loin du compte.
Enfin et surtout ces différents aspects ne sont la cause d'un écart vis à vis d'une situation de marché optimale que dans la mesure où il existe des inégalités entre les différents acteurs à leur sujet. Certains acteurs disposeraient d'un capital moins important, et pourraient plus difficilement investir dans des biens durables. Certains disposeraient de moins d'information. Certains seraient moins rationnels que d'autres. A ce jeu là, il est évident que les grandes entreprises y gagnent : en tant que structures organisés comprenant plusieurs milliers d'individus, elles disposent d'une information bien plus importante sur les consommateurs (en particulier leurs biais psychologiques) que les consommateurs, isolés, ne disposent d'information sur ces entreprises et leurs produits. Elles sont bien plus rationnelles, c'est à dire à même de calculer leurs intérêts en faisant abstraction de pulsions, que des humains isolés. Enfin elles disposent d'un capital plus important. Les consommateurs sont donc tributaire du marketing des grandes entreprises, et à ce jeu là, ils sont certainement perdants. Les cartels ou ententes commerciales entre concurrents ne sont finalement qu'un cas particulier de cette inégalité qui peut exister entre les grandes organisations et les consommateurs isolés.
Conclusion
A ceci on peut ajouter d'autres aspects qui viennent biaiser le marché, notamment de manière importante le fait que les déchets soient gérés par les collectivités, non par les entreprises qui en sont à l'origine, celles-ci créant donc des externalités négatives qui ne sont pas prises en compte par le marché et qui de nouveau induisent une forme « d'obsolescence programmée ». Si les coûts de réparations sont jugés trop importants par rapport à la construction de produits neufs, c'est certainement que les entreprises n'ont pas à gérer les coûts de recyclage des déchets associés aux produits qu'elles mettent sur le marché (en plus des effets de délocalisation).
Alors peut-être que nous aimons la variété, que nous aimons changer régulièrement notre apparence. Mais ces tendances à la consommation sont sans aucun doute accentuées par un marketing devenu expert dans l'exploitation des faiblesses des consommateurs. Peut-être que la durée de vie d'un produit est issue d'un compromis entre différents critères et des contraintes de productions. Mais elle a certainement tendance à être négligée, en tant que caractéristique peu lisible, face à des aspects purement esthétiques. Peut-être que par chez nous la réparation des produits coûte plus cher que la production, mais il est difficile de ne pas voir qu'il s'agit là de conséquences d'inégalités à l'échelle mondiale et d'externalités liées à la production de déchets plutôt qu'une simple question d'optimisation par le marché.
Affirmer que l'obsolescence programmée est un mythe ne tient que pour peu qu'on parte du principe indiscuté que le marché tendra nécessairement vers un optimum pour les différents acteurs. C'est donc un acte de foi. Il me semble évident, au contraire, qu'un marché libre inégalitaire aura tendance à amoindrir la durée de vie espérée des produits par rapport à un optimum. Pas besoin d'invoquer d'hypothétiques complots pour le comprendre : il suffit de mettre au jour les mécanismes systémiques en jeu, sans même sortir d'un cadre relativement formel. Mais une fois fait ce constat, les mesures cosmétiques mises en avant pour y remédier pourront paraître dérisoires. Il faudrait envisager des solutions bien plus radicales, mais aussi bien moins praticables, bien plus utopiques, pour s'attaquer à ce problème de fond (par exemple : interdire la publicité et la remplacer par un journalisme de la consommation indépendant, pour rétablir une symétrie entre constructeurs et consommateurs, obliger les entreprises à gérer leurs produits sur l'intégralité de leur durée de vie, en passant à un système tout-locatif, instaurer la démocratie dans les grandes entreprises pour qu'au moins ces écarts à l'optimalité soient répartis équitablement parmi les travailleurs, harmoniser mondialement la fiscalité pour réduire les inégalités à l'échelle internationale, ...). Si toutes ces idées sont très utopiques en l'état actuel des choses, il est dommage qu'elles ne constituent pas un idéal régulateur, ou a minima que les défauts systémiques de notre système économique soient si peu discutés.
Il y a un aspect fallacieux dans les arguments qui prétendent que l'obsolescence programmée n'existerait pas, la durée de vie étant l'un des aspects d'un produit à optimiser en fonction du marché parmi d'autres (dont le prix ou l'apparence). Qu'une durée de vie courte soit induite par des mécanismes de marché n'enlève rien au fait que cette durée de vie soit programmée par les constructeurs, justement en vue de s'adapter au marché. Alors à partir de quand peut-on parler d'obsolescence programmée plutôt que d'optimisation de différents critères ?
Qu'est-ce que l'obsolescence programmée ?
Pour répondre à cette question, remarquons que derrière l'idée d'obsolescence programmée, il y a l'idée de manipulation, de tromperie. Il y a donc un problème d'accès à l'information. On peut donc donner sens à cette notion comme ceci :
il y a obsolescence programmée si une asymétrie dans l'information disponible au consommateur et au constructeur résulte en une espérance de vie des produits plus courte par rapport à une situation d'information idéale
On peut aussi généraliser la notion, en partant de l'idée que l'obsolescence programmée correspondrait à une durée des produits sous-optimale du point de vue du consommateur, que cette sous-optimalité ait pour origine une asymétrie dans l'information ou bien autre chose. On y inclus alors un nombre potentiellement plus important de cas (et notamment tout ce qui touche à l'économie du jetable) :
il y a obsolescence programmée si l'espérance de vie des produits est plus courte que dans une situation optimale quant aux besoins et contraintes des différents acteurs.
Il me semble évident que c'est le cas dans notre économie actuelle. L'accent mis ici sur l'information pour savoir ce qu'est une situation optimale n'est pas un hasard : Hayek insistait sur le rôle du marché comme lieu de transmission de l'information. Le libéralisme de Hayek se fonde sur l'idée qu'il est impossible d'obtenir un meilleur partage de l'information que sur un marché libre, les ressources d'une instance centrale étant nécessairement limitées par rapport à celles distribuées sur des agents poursuivant leurs intérêts propres. La juste transmission de l'information, ainsi que la rationalité des agents, jouent donc un rôle central dans l'idéalisation du marché qui permet d'atteindre un optimum. On voit alors poindre différents problèmes.
Les biais du marché libre
D'abord il se peut que certaines caractéristiques d'un produit soient moins visibles que d'autres, et que les coûts de communication associées à ces caractéristiques soient donc plus importants. A l'évidence, ce défaut de visibilité viendrait biaiser le marché en défaveur de ces caractéristiques, et au profit des caractéristiques les plus visibles. Typiquement, la durée de vie espérée d'un produit n'est clairement pas visible, voire incertaine. On comprend que les constructeurs ne voudront pas nécessairement communiquer autant dessus que sur l'apparence du produit, qui est immédiatement perceptible. Selon cette conjecture, un marché libre résulterait en des produits moins durables mais plus esthétiques (toute ressemblance avec la « société de consommation » actuelle est purement fortuite – ou pas).
Ensuite il se peut que les consommateurs ne soient pas rationnels, qu'ils aient tendance à surestimer les bienfaits à court terme des produits au détriment de leur durée de vie, ou encore qu'ils ne disposent pas de suffisamment de capital pour optimiser leurs achats. Ainsi l'argument qui veut qu'un constructeur a autant intérêt à vendre un produit deux fois plus cher qui dure deux fois plus longtemps ne tient que si cet avantage de durée est clairement lisible par le consommateur, que ce dernier a les capacité d'investissement correspondantes, et enfin qu'il n'existe pas de biais psychologiques (sans doute liés eux aussi à un problème d'incertitude ou de lisibilité de l'information) qui tendrait à faire préférer, de manière irrationnelle, de nombreuses petites dépenses plutôt qu'une seule grosse dépense. Je pense qu'on est loin du compte.
Enfin et surtout ces différents aspects ne sont la cause d'un écart vis à vis d'une situation de marché optimale que dans la mesure où il existe des inégalités entre les différents acteurs à leur sujet. Certains acteurs disposeraient d'un capital moins important, et pourraient plus difficilement investir dans des biens durables. Certains disposeraient de moins d'information. Certains seraient moins rationnels que d'autres. A ce jeu là, il est évident que les grandes entreprises y gagnent : en tant que structures organisés comprenant plusieurs milliers d'individus, elles disposent d'une information bien plus importante sur les consommateurs (en particulier leurs biais psychologiques) que les consommateurs, isolés, ne disposent d'information sur ces entreprises et leurs produits. Elles sont bien plus rationnelles, c'est à dire à même de calculer leurs intérêts en faisant abstraction de pulsions, que des humains isolés. Enfin elles disposent d'un capital plus important. Les consommateurs sont donc tributaire du marketing des grandes entreprises, et à ce jeu là, ils sont certainement perdants. Les cartels ou ententes commerciales entre concurrents ne sont finalement qu'un cas particulier de cette inégalité qui peut exister entre les grandes organisations et les consommateurs isolés.
Conclusion
A ceci on peut ajouter d'autres aspects qui viennent biaiser le marché, notamment de manière importante le fait que les déchets soient gérés par les collectivités, non par les entreprises qui en sont à l'origine, celles-ci créant donc des externalités négatives qui ne sont pas prises en compte par le marché et qui de nouveau induisent une forme « d'obsolescence programmée ». Si les coûts de réparations sont jugés trop importants par rapport à la construction de produits neufs, c'est certainement que les entreprises n'ont pas à gérer les coûts de recyclage des déchets associés aux produits qu'elles mettent sur le marché (en plus des effets de délocalisation).
Alors peut-être que nous aimons la variété, que nous aimons changer régulièrement notre apparence. Mais ces tendances à la consommation sont sans aucun doute accentuées par un marketing devenu expert dans l'exploitation des faiblesses des consommateurs. Peut-être que la durée de vie d'un produit est issue d'un compromis entre différents critères et des contraintes de productions. Mais elle a certainement tendance à être négligée, en tant que caractéristique peu lisible, face à des aspects purement esthétiques. Peut-être que par chez nous la réparation des produits coûte plus cher que la production, mais il est difficile de ne pas voir qu'il s'agit là de conséquences d'inégalités à l'échelle mondiale et d'externalités liées à la production de déchets plutôt qu'une simple question d'optimisation par le marché.
Affirmer que l'obsolescence programmée est un mythe ne tient que pour peu qu'on parte du principe indiscuté que le marché tendra nécessairement vers un optimum pour les différents acteurs. C'est donc un acte de foi. Il me semble évident, au contraire, qu'un marché libre inégalitaire aura tendance à amoindrir la durée de vie espérée des produits par rapport à un optimum. Pas besoin d'invoquer d'hypothétiques complots pour le comprendre : il suffit de mettre au jour les mécanismes systémiques en jeu, sans même sortir d'un cadre relativement formel. Mais une fois fait ce constat, les mesures cosmétiques mises en avant pour y remédier pourront paraître dérisoires. Il faudrait envisager des solutions bien plus radicales, mais aussi bien moins praticables, bien plus utopiques, pour s'attaquer à ce problème de fond (par exemple : interdire la publicité et la remplacer par un journalisme de la consommation indépendant, pour rétablir une symétrie entre constructeurs et consommateurs, obliger les entreprises à gérer leurs produits sur l'intégralité de leur durée de vie, en passant à un système tout-locatif, instaurer la démocratie dans les grandes entreprises pour qu'au moins ces écarts à l'optimalité soient répartis équitablement parmi les travailleurs, harmoniser mondialement la fiscalité pour réduire les inégalités à l'échelle internationale, ...). Si toutes ces idées sont très utopiques en l'état actuel des choses, il est dommage qu'elles ne constituent pas un idéal régulateur, ou a minima que les défauts systémiques de notre système économique soient si peu discutés.
Commentaires
If we apply market economics to philosophical communities and thought, I can't see how to avoid the conclusion that all of our ideas have a built-in lifespan.
I'm even inclined to think that this has always been the case and may even be somewhat metaphysical in nature. This worries me.
Par contre il existe plusieurs études théoriques de l'obsolescence programmée, montrant qu'effectivement, dans certaines situations de marché (de monopole notamment), elle pourrait se produire.
J'aime bien votre idée d'asymétrie d'information car il me "semble évident" qu'elle correspond à une réalité : les clients/utilisateurs/consommateurs n'ont aucune idée de comment fonctionne le produit qu'ils achètent, comment il a été conçu et fabriqué. Ils n'ont aucune idée des marges le long de la chaîne de distribution non plus, par exemple qu'un iPhone coûte entre 10 et 30$ ( http://www.gizmodo.fr/2012/02/24/le-cout-de-production-de-liphone-finalement-devoile.html )
Et en particulier, personne ne réalise que la dispersion des durées de vie des composants implique que la durée de vie moyenne d'un produit soit un multiple de la durée de garantie !
( http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2013/05/02/1296-obsolescence-programmee )
Bref, peut-être qu'il est aussi temps que les gens comprennent qu'un téléphone portable est légèrement plus complexe que le téléphone en bakélite de grand-mère.
Je suis bien conscient du fait que la durée de vie d'un produit est très difficile à estimer c'est pourquoi j'ai utilisé délibérément la locution "durée espérée" et c'est pourquoi je rejette d'entrée l'idée d'un complot. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne pourrait pas être améliorée en utilisant des composants de meilleure qualité, ou que les produits ne pourraient être rendus plus facilement réparables si les conditions du marché étaient différentes. Il existe des produits de durée de vie diverse, du jetable au produit de luxe qui dure presque éternellement, dans toutes les catégories. Je me contente juste de montrer qu'une économie de marché libérale ne peut que faire pencher la balance vers le jetable (par rapport à une situation d'information idéale).
Your comment puzzled me. I am not sure how far the analogy can be drawn between capitalism and philosophy beyond cases where one directly impact the other (for example, when scholars are pressured to publish many papers for concurency reasons). It seems to me that unlike manufactured products, ideas can be shared and used without much cost and can last for centuries. But maybe could you develop what you had in mind?
Also the original context and institutions that supported the ideas fade over time. This happens quite regularly when interpreting ancient texts: we use modern words to understand the old texts, but our words have different meanings and connotations than the words originally did. This leads to novel interpretations that could not have possibly been what the author intended. Likewise institutions have supported certain ideas over time, e.g. the church supported certain views of the solar system and banned books and arrested people that disagreed. This definitely affected the economy of ideas at the time.
Hence I do not see how there is a insurmountable difference between the economy of products and ideas. Sure the time scales, and modes of production and transmission are different, but I still see ideas being subject to very similar forces.
Instead of merely trying to find alternatives, the game theory/ bounded rationality people can put valuations on outcomes, thoughts, etc. So, even if our theories are subject to obsolescence, this won't catch us by surprise because we will have already understood their value.
I am very dubious that there would exist a single possible (or "natural") organisation for managing products and/or ideas. I think different organisations can lead to different advantages and problems. In economy, for example, private property on which our current system is based could well be questioned (one could imagine a universal renting system for example) and this can impact the way some aspects, such as life span, are favoured or not over others, as well as wealth inequalities which tend to bias the system. Collective control over the economy is also an important factor.