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Pragmatisme moral

La justification a un rapport au vrai similaire au rapport que la motivation a au bien. Je m’explique. Il est trivial que “vrai” ne signifie pas “justifié”, car on peut être justifié à croire le faux (les apparences peuvent être trompeuses), et l’on peut ne pas disposer d’informations suffisantes pour être justifié à connaître la vérité sur un sujet (qui sait combien de fois a éternué Jules César dans sa vie ?) sans que cela signifie qu’il n’y ait aucune vérité sur ce sujet. C’est pour ça qu’il est intuitif d’opérer un divorce radical entre le concept de vérité, qui aurait à voir avec ce qui est indépendamment de nous, dans le monde, “en dehors de nos têtes”, et le concept de justification, qui a seulement à voir avec l’information dont on dispose. Selon cette manière de voir, la vérité serait une correspondance directe entre une croyance et des faits objectifs, mais notre expérience personnelle ou notre raisonnement ne peuvent jamais nous fournir que des indicateurs de ce qui est

Réalisme moral

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Il existe des raisons instrumentales : si je veux atteindre un but, je dois agir de telle manière. Par exemple, si je veux que ma plante survive, je dois l’arroser. Mais on peut dire que le “dois” de ce type de cas dérive du fait que je “dois” atteindre mon but (faire en sorte que ma plante survive). Ce n’est pas un devoir primitif, mais dérivé. Et mon but est peut-être encore un moyen d’en atteindre un autre, en quel cas il est lui aussi instrumental. Une manière de formuler la question du réalisme moral est de se demander s’il existe des raisons ultimes, non instrumentales, c’est-à-dire si la chaîne des raisons qu’on remonte en se demandant “pourquoi faire cela ?” à chaque étape se termine quelque part. Si c’est le cas (si ce n’est pas juste un “pourquoi pas”), et si ce quelque part n’est (au moins dans certains cas) pas relatif à un agent et à ses désirs contingents, si cette raison ultime est aussi universelle et objective, alors on peut dire que “la vie a un sens” en quelque sorte

Do Physicists Assume that Electrons Exist?

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Scientific realism was the main topic of my PhD dissertation, so I feel that I should say something on the recent debates on Twitter on the existence of electrons, between Philip Goff and Sabine Hossenfelder. Here is a quick comment.

La neutralité de la science vis-à-vis des valeurs sociales : un idéal obsolète ?

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Je me suis plongé récemment dans la lecture sur l’idéal de neutralité axiologique de la science ("value-free ideal") et ait quelque peu évolué sur ces questions. Ce post a principalement pour but de faire état de mes conclusions et de référencer les sources qui m’y ont amené. L’idéal de neutralité axiologique: La science vise uniquement le vrai (ou la connaissance, la compréhension, etc.), et non pas ce qui est bien ou politiquement souhaitable. Donc les scientifiques ne devraient pas faire de jugements de valeur au moment d’accepter ou de rejeter des hypothèses , mais seulement accepter les hypothèses qu’ils jugent très probablement vraies (ou apportant connaissance / compréhension) suivant des standards internes à la science, conformes à son but, indépendants du reste de la société . Ce qu’est et n’est pas l’idéal de neutralité J’entend parfois dire que l'idéal de neutralité axiologique serait mort et enterré dans la littérature philosophique contemporaine

Le réalisme est-il du côté du bon sens ?

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Le réaliste affirme que les théories et hypothèses scientifiques sont pour la plupart vraies, au moins en approximation, et que les objets postulés par les scientifiques, les protons, les gènes et les cellules existent réellement. Si le philosophe non-réaliste nie tout ça, il contredit directement les scientifiques, n’est-ce pas ? Il est anti-science ? En quoi un philosophe serait-il légitime pour contredire ce que disent les scientifiques sans même prendre la peine de faire des expériences ? N’est-ce pas extrêmement prétentieux ? En fait c’est un peu plus compliqué que ça. Disons que le diable est dans les détails, et en particulier dans la compréhension de “exister”, “vrai” et “réaliste”. Je vais examiner ces trois termes tour à tour. Je souhaite défendre ici que les philosophes réalistes ont opéré, au tournant des années 80, une appropriation de ces termes qui leur ont permis d’asseoir le réalisme métaphysique sur le sens commun et de doter leur projet métaphysique du prestige gé

Relativisme et scientisme

Hier j’ai été invité à parler relativisme et scientisme chez Mr Sam. Un petit complément ici. Le relativisme, c’est en gros l’idée qu’une affirmation peut être vraie d’un point de vue, mais pas d’un autre, et qu’il n’existe pas de point de vue neutre ou privilégié pour l’évaluer absolument. On peut être relativiste à propos des goûts esthétiques, des principes moraux ou, de manière plus controversée, à propos d’affirmations factuelles, notamment scientifiques : il y aurait “plusieurs vérités” ou plusieurs manières alternatives de voir le monde. Ça s’accompagne souvent d’une idée de conversion : adopter une façon de voir le monde nécessiterait un engagement actif ou une immersion, d’où l’impossibilité de comparer de manière neutre deux façons de voir le monde. Le relativiste à propos des sciences affirme qu’une théorie scientifique est une “façon de voir le monde” en ce sens. L’un des arguments principaux en faveur d’un relativisme à propos des sciences est la charge théorique de l’o

Émotion contre raisonnement en éthique

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Le faible pouvoir de conviction de la raison pure La vidéo récente de Mr Phi sur le spécisme m’a poussé à m’interroger sur mes propres conceptions de l’éthique à partir du constat suivant : le moment que je trouve le plus convaincant dans la vidéo, celui qui m’a le plus sérieusement amené à questionner mes pratiques alimentaires (globalement flexi-végétariennes pour des raisons environnementales), est le passage où sont décrites les pratiques de l’élevage intensif, comme couper la queue des cochons, accompagné d’images assez parlantes. Cette partie de la vidéo génère en moi une forme d’empathie envers les animaux, et une forme d’indignation envers les pratiques de l’industrie, et j’avoue qu’après ça, j’ai beaucoup moins envie de soutenir indirectement ces pratiques en consommant parfois de la viande issue d’élevages intensifs. Le reste de la vidéo argumente de façon plutôt convaincante que le spécisme est une position philosophique difficilement tenable. Mais je me rend compte que