Nous avons vu dans le billet précédant que tout état conscient peut être a priori interprété en terme de connaissance. La thèse inverse pourrait sembler absurde (comment, ne sais-tu pas ce que tu vois, ce que tu entends, ce que tu penses ?) mais il n’est pas exclu que l’expérience consciente puisse revêtir un aspect ineffable et élusif : la connaissance serait donc plutôt ce qu’il y a à tirer de nos états conscients, leur formalisation. En effet on pense généralement (et notamment suite à l’argument de Wilfried Sellars contre le “mythe du donné”) que la connaissance peut s’exprimer sous forme de prédicats, qu’elle peut donc être formalisée, quand bien même les significations à la base des prédicats seraient en un certain sens holistiques, c’est à dire non pas définies absolument (ni données), mais plutôt relativement les unes par rapport aux autres, de manière à ce que l’ensemble de nos significations et connaissances forme un tout inséparable, confronté unitairement au réel. Cette confrontation, justement, serait l’expérience consciente, et de cette confrontation des connaissances existantes à la nouveauté naitraient de nouvelles connaissances sur la base des anciennes. Or cette confrontation elle même, à l’origine de la production de connaissances, ne serait pas nécessairement formalisable.
J’espère revenir bientôt sur cette question et sur son rapport au temps vécu. Mais avant ça il nous faut approfondir, en complément du dernier billet, l’association entre la connaissance et la conscience et établir le lien entre connaissance et intention. En effet nous avons également affirmé dans le dernier billet, mais sans plus de justification, que la connaissance est par nature un attribut de la conscience (c’est à dire qu’il faut être conscient pour connaître). Cette idée semble couler de source, du moins si, suivant le pragmatisme, on entend par connaissance ou croyance un support à l’action intentionnelle (si je sais qu’il y a une chaise, je peux m’assoire là en toute confiance, et il n’y a rien de plus à dire sur le fait de savoir qu’il y a une chaise que l’ensemble des actions que je pense possibles sur cette base).
Pourtant il existe un certain nombre de cas où on penserait pouvoir parler légitimement de connaissance non consciente. Examinons donc ces différents cas (en espérant ne pas trop enfoncer des portes ouvertes).
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